Interview de Veronica Dandzo-Adzagudu – WAPCA, Ghana

Published on 26 janvier 2023
ICON/BTN/arrow/2/arrow-down Created with Sketch. Sauvegarde des espèces menacéesInterview de Veronica Dandzo-Adzagudu – WAPCA, Ghana

L’ONG West African Primate Conservation Action (WAPCA) est une initiative du zoo Heidelberg, créée en 2001, dont l’objectif est de promouvoir la protection des primates hautement menacés au Ghana et en Côte d’Ivoire. Veronica Dandzo-Adzagudu, responsable de projet, revient sur les principales missions et temps forts de l’OSC et nous parle son engagement pour la conservation de la Nature.

 

 

« Pour moi, la plus grande victoire de WAPCA est la création de l’Aire de Gestion Communautaire des ressources d’Ankasa-Tano qui soutient la conservation et la gestion de la forêt pluviale de cette communauté dans la région occidentale du Ghana. »

 

 

 

 

 

  1. Véronica, vous êtes la responsable du soutien aux projets à l’Action pour la conservation des primates d’Afrique de l’Ouest. Parlez-nous de votre organisation.

 

West African Primate Conservation Action (WAPCA) est une ONG ghanéenne de conservation de la nature, fondée en 2001 par le Zoo d’Heidelberg, avec pour mission de sauvegarder l’avenir des primates menacés et de leurs habitats en Afrique de l’Ouest grâce à une approche unique de conservation des espèces. Cette mission repose sur quatre piliers principaux:

 

–  Découvrir la distribution actuelle des populations de primates à travers le Ghana grâce à des enquêtes systématiques sur les fragments de forêts ;

–  Protéger ces populations par des projets communautaires de protection des forêts ;

– Renforcer les populations de primates sauvages existantes par des populations captives, génétiquement gérées dans des zoos ;

– Améliorer la connectivité. Ce dernier pilier comprend deux objectifs principaux :

– Le premier étant de reconnecter les fragments de forêts restants pour que les primates puissent se déplacer. Nous évitons ainsi que les populations existantes ne se retrouvent dans des goulots d’étranglement.

– Le deuxième étant de reconnecter les humains à la Nature, en développant un lien émotionnel avec celle-ci, car nous prenons tous soin de ce que nous aimons.

 

 

WAPCA travaille avec les communautés riveraines de deux zones forestières. Il s’agit de la forêt pluviale communautaire d’Ankasa-Tano (également connue sous le nom de forêt pluviale de Kwabre) et de la réserve forestière de Cape Three Point toutes les deux situées au Sud-ouest du Ghana. Nous y protégeons les primates par une diversité d’actions complémentaires. Il s’agit par exemple de :

–  la reforestation de zones forestières dégradées,

–  de l’éducation à la conservation,

– du sauvetage des primates capturés par des braconniers,

– de la sensibilisation continue par le biais de programmes radio adaptés, de l’animation du programme Friends for Wildlife pour les écoliers et enfin de la célébration annuelle de la journée du mangabey (Mangabey Awereness Day) au cours de laquelle WAPCA et les communautés se réunissent pour sensibiliser le grand public à l’état de conservation du mangabey à nuque blanche, par le biais d’une marche, d’activités ludiques, y compris des matchs de football entre les communautés.

 

 

  1. Quand et dans quelles circonstances avez-vous personnellement décidé de vous engager pour la Nature ?

 

Mon intérêt pour la conservation de la nature a commencé en 2013 lorsque j’ai été admis pour étudier la gestion des ressources naturelles à l’Université des sciences et technologies Kwame Nkrumah. Au cours de mes quatre années d’études, j’ai rejoint A Rocha KNUST, qui est une section étudiante d’A Rocha Ghana[1], et j’ai effectué trois stages avec A Rocha Ghana, ce qui m’a permis de découvrir l’aspect pratique de ce que j’étudiais à l’école. J’ai eu par la suite l’occasion de m’engager dans des projets tels que la collecte de données sur le projet Atewa Living Waters et la formation des agriculteurs de l’aire de gestion communautaire du lac Bosomtwe aux pratiques agricoles de conservation, etc. J’ai également reçu une formation à la rédaction de propositions de subventions, à l’analyse de données et à la rédaction de rapports. En outre, j’ai eu l’occasion de sensibiliser les écoles de la communauté aux questions environnementales et à la perte de biodiversité. Au moment où j’ai terminé mon programme d’études à KNUST, j’étais certaine de mes aspirations professionnelles et, bien sûr, de ce que j’aimerais faire n’importe quand, n’importe quel jour et n’importe où : protéger la nature de la meilleure façon possible.

 

 

  1. A votre avis, quelle est la plus grande victoire de WAPCA ?

 

Pour moi, la plus grande victoire de WAPCA est la création de la CREMA[2] d’Ankasa-Tano qui soutient la conservation et la gestion de la forêt pluviale de la communauté d’Ankasa-Tano dans la région occidentale du Ghana. C’est l’un des deux derniers habitats du Cercopithèqe de Roloway dans le monde. Les capacités des communautés de la CREMA qui bordent la forêt tropicale ont été renforcées au cours des dernières années du projet par des formations en organisation et en gestion financière. Il y aussi eu un gros effort consacré au développement des chaînes de valeurs vertes issues de la production/transformation du cacao et de la noix de coco biologique qui a abouti à la création et au fonctionnement d’un centre de traitement de l’huile de noix de coco biologique vierge appartenant à la CREMA.

Le partenariat entre la CREMA et deux acteurs du secteur privé, Savannah Fruits Company et Yayra Glover Limited, a abouti à la signature d’accords de conservation et à la création d’un fonds de conservation qui a permis à la CREMA d’accéder à l’autonomie financière, à la gestion et à la mise en œuvre d’activités de conservation, notamment la patrouille de la forêt pluviale communautaire d’Ankasa-Tano.

 

 

  1. Quelle est la personne qui est actuellement votre source d’inspiration et pourquoi ?

 

Caleb Ofori Boateng, le fondateur et directeur de Herp Conservation Ghana, est actuellement ma source d’inspiration. Caleb a fait preuve d’une extrême diligence pour sa carrière dans la conservation des espèces au Ghana, car il est le premier biologiste à effectuer des recherches sur les amphibiens au Ghana et à intensifier les efforts de conservation des amphibiens dans le pays. Le fait de venir d’un milieu ghanéen et d’avoir fait des pas de géant dans le domaine de la conservation m’inspire à poursuivre sans relâche mes objectifs de carrière. La capacité et la ténacité de Caleb, qui est passé de la recherche sur les espèces à la création d’une ONG (Herp Ghana) axée sur la conservation et à l’obtention de prix prestigieux, pour accomplir tant de choses en faveur des amphibiens et des communautés locales vivant en marge d’habitats importants pour les amphibiens, restent pour moi une source d’inspiration à vie. Ayant reçu une fois l’enseignement de Caleb pendant mon programme de licence, il continue à m’encourager à aller plus loin dans ma carrière de conservation et est toujours prêt à me fournir les conseils nécessaires pour réussir ma carrière.

 

  1. Si vous étiez un animal, vous seriez ? Dites-nous pourquoi ?

 

 

Si j’étais un animal, je serais un primate, précisément un Cercopithèque de Roloway, car les primates sont les plus proches parents des humains et leur capacité à communiquer leurs émotions et leurs sentiments les uns aux autres me fascine beaucoup. De plus, je suis attiré par la spectaculaire barbe blanche et la combinaison de fourrures rougeâtres blanches, noires et brunes du Cercopithèque de Roloway qui en font un singe unique et magnifique.

 

 

 

 

 

  1. Si vous aviez un pouvoir magique extraordinaire, que voudriez-vous changer ?

 

Je ferais en sorte que le gouvernement ghanéen annule son plan et les mesures déjà prises pour aller de l’avant avec le développement d’un plan directeur pour l’infrastructure pétrolière, également connu sous le nom de plate-forme pétrolière dans la zone de gestion des ressources naturelles d’Ankasa-Tano, car certaines parties de la plate-forme se trouvent dans la forêt tropicale de la communauté d’Ankasa-Tano, qui est un habitat crucial pour les primates menacés, notamment le Cercopithèque de Roloway.

 

 

  1. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Africains qui, comme vous, veulent s’engager dans la vie associative au profit de la Nature ?

 

Sachez ce qui vous intéresse le plus, ayez une vision et fixez-vous des objectifs réalisables ! En tant que jeune, il est très important pour vous d’avoir une idée d’où vous allez car cela vous aide à déterminer les moindres étapes à suivre pour atteindre vos objectifs dans la vie. Les mentors fournissent des conseils inestimables pour la réussite professionnelle des jeunes, alors identifiez un mentor qui a une expertise dans le domaine dans lequel vous voulez vous spécialiser. En outre, faites preuve d’ouverture d’esprit, donnez le meilleur de vous-même et identifiez et exploitez les opportunités d’entreprendre des activités telles que le bénévolat, les stages, les présentations lors de conférences et d’ateliers, car vous pourrez ainsi acquérir des expériences qui vous distingueront de vos pairs.

 

[1] Un partenaire historique du PPI : plus d’info sur A Rocha sur www.programmeppi.org

[2] Community Resource Management Area : Aire de Gestion Communautaire des Ressources (un statut d’aire protégée reconnu par l’administration ghanéenne)

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