Interview de Djéa Rosine (Notre Forêt Notre Avenir, Côte d’Ivoire)

Published on 24 juin 2021
ICON/BTN/arrow/2/arrow-down Created with Sketch. Non classifié(e)Interview de Djéa Rosine (Notre Forêt Notre Avenir, Côte d’Ivoire)

 

  1. Mlle Rosine, vous êtes aujourd’hui la 1ère Vice-présidente de l’ONG Notre Forêt Notre Avenir de Côte d’Ivoire pouvez-vous nous présenter un peu votre association ?

 

L’ONG Notre Forêt, Notre Avenir en abrégé NOFNA et née en 2015 à Taï dans  l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Elle compte aujourd’hui plus de 150 membres. Elle a été créée à l’origine sous l’impulsion d’un collectif d’une vingtaine de jeunes natifs du territoire. Elle a été fondée pour défendre la conservation / gestion durable / restauration des forêts classées de la région du Cavally et venir en appui au développement communautaire.

 

  1. A quel moment et dans quelles circonstances avez-vous personnellement pris le parti de vous engager pour la Nature ?

 

Je me suis engagée en mai 2014 suite à l’invasion massive de la forêt classée du Cavally par des mercenaires pendant la crise postélectorale de 2011. C’est ainsi que  mes amis et moi avons bénéficié d’un accompagnement de la WCF qui intervenait déjà dans la zone pour protéger les chimpanzés et leur habitat. J’ai été parmi les premières personnes avoir bénéficié de la formation sur l’observation indépendante dans mon pays. Et cela nous a permis de veiller au respect de la règlementation et de l’application effective des lois en matière d’exploitation forestière.

 

  1. Quelle est selon vous la plus grande victoire de NOFNA ?

 

La plus grande victoire de NOFNA c’est d’avoir été au devant du combat qui a permis l’arrestation de plusieurs mercenaires infiltrés dans la forêt classée du Cavally et aussi l’arrestation d’un commandant de brigade de la gendarmerie de TAÏ qui était de connivence avec ces mercenaires. C’est grâce à cette belle victoire que notre structure a été admise au comité technique transfrontalier d’application de la loi en matière de criminalité environnementale.

 

  1. Quelle est la personne qui est actuellement votre source d’inspiration et pourquoi ?

 

Ma grand-mère. En effet, personnellement je suis aujourd’hui aide-soignante en maternité mais bien avant ça c’est avec ma grand-mère que j’ai appris à traiter les femmes avec les plantes. C’est-à-dire arrêter les saignements, faciliter l’accouchement… Ainsi avant de commencer ma fonction d’aide-soignante à l’hôpital de Taï, j’avais déjà une certaine connaissance des vertus des plantes même si on ne les utilisait pas au sein de l’hôpital. Toutefois un jour, j’y ai été confronté à un cas critique ou j’ai dû me référer à des feuilles que l’on trouve en forêt pour la sauver. Si j’ai eu ce réflexe, c’est grâce à ma grand-mère et c’est depuis ce jour que j’ai pris conscience de l’intérêt de la forêt et des menaces qui pèsent sur elle.

 

  1. Si vous étiez un animal vous seriez ? Expliquez-nous pourquoi ?

 

Un éléphant parce que les déjections de l’éléphant, on utilise ça aussi pour faciliter les accouchements et puis pour faire baisser la fièvre chez les enfants. Ça j’en ai fait l’expérience !

 

  1. Si vous aviez un pouvoir magique extraordinaire que souhaiteriez-vous changer ?

 

Si j’avais ce pouvoir, je referais de la Côte d’Ivoire un pays forestier, riche en biodiversité comme elle était dans les années 60.

 

  1. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes africain.e.s qui s’engagent dans la vie associative au profit de la Nature ?

 

Je leur dirai tout d’abord d’être patient et persévérant.

Apprendre à travailler à plusieurs pour un objectif commun nécessite de prendre le temps de se connaître, de construire collectivement son cadre de travail, ses règles de fonctionnement. Ensuite mobiliser les ressources pour la mise en œuvre de son projet associatif peu là aussi paraître long et difficile, surtout quand on débute. La persévérance est indispensable aussi car obtenir des changements de comportements n’est pas chose facile…

Je leur dirais également d’être courageux.

Courageux car notre engagement pour la Nature peu parfois nous amener à être contesté par nos parents et par nos autorités politico-administratives. Ceux-ci ne comprennent pas toujours le bien fondé de notre travail. Être courageux aussi car il nous arrive d’aller à l’encontre des intérêts ou des pratiques de certains et cela peut parfois aller jusqu’à nous exposer à des risques sur notre personne.  Pour surmonter tout ça je leur conseille de rester ferme et de cultiver leur amour pour la conservation de la Nature.  C’est un combat noble et vital pour notre existence commune.

Je leur dirais enfin de soutenir l’engagement féminin

Pour moi les femmes au sein de nos sociétés comme au sein de leur foyer ont la facilité de pouvoir transformer leur mari en veillant à ce qu’ils adoptent des pratiques légales et soutenables pour sécuriser durablement leur ménage et l’avenir de leurs enfants. Je me dis que les femmes sont le point clé, elles peuvent transformer tout.

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