Des Nouvelles du terrain: ACB-CI

Published on 12 juin 2020
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Conservation communautaire et développement économique local autour de la Forêt des Marais Tanoé-Ehy en Côte d’Ivoire, Afrique de l’Ouest

 

La Forêt des Marais Tanoé-Ehy (FMTE, 12 000 ha) est située au sud-est de la Côte d’Ivoire, à la frontière avec le Ghana. Cet espace naturel n’est toujours pas reconnu officiellement comme zone protégée. Néanmoins, depuis 2006, plusieurs efforts menés par des acteurs nationaux de la conservation comme le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) et des ONG comme SOS Forêt et ACB-CI (Action pour la Conservation de la Biodiversité en Côte d’Ivoire) avec le soutien de partenaires en Europe et aux États-Unis, ont permis de lancer un processus de conservation communautaire afin d’engager les communautés locales en tant que gestionnaire principal de cet espace.

 

La FMTE, principalement entourée de plantations de palmiers à huile dont les produits sont vendus majoritairement à la PALMCI, reste épargnée par l’empiètement des plantations en raison de ses zones marécageuses et de la lutte contre la conversion des forêts – notamment depuis 2008, lorsque la population locale, avec l’appui de l’ACB-CI et du CSRS, a bloqué l’expansion de PALMCI dans la zone forestière de Tanoé. Depuis cette période, certains projets ont été menés avec en partie le soutien du PPI.

 

Ce soutien a permis de développer des initiatives de conservation en renforçant la capacité des communautés locales à conduire de bonnes pratiques agricoles et la conservation de la Forêt des Marais Tanoé-Ehy. Pour cela, des communautés locales ont été organisées dans chaque village, en «Association Villageoise de Conservation et de Développement» (AVCD). Au niveau des sous-préfectures, les AVCD ont été regroupées en «Association InterVillageoise de Gestion (AIVG)». Depuis décembre 2017, les communautés locales ont été soutenues pour créer la fédération des AIVG qui est le contact principal pour les communautés lors des discussions avec les autorités, les donateurs, etc. ACB-CI a renforcé les capacités de ces organisations locales sur (i) les bonnes pratiques de gouvernance communautaire, (ii) la gestion des associations communautaires, (iii) les patrouilles et le suivi écologique communautaire, (iv) la collecte de fonds, et (v) la sensibilisation, etc.

 

À ce jour, onze villages sont impliqués dans ce processus de conservation communautaire dans lequel les femmes et les jeunes jouent un rôle principal.

 

Pour mieux combiner conservation et agriculture (leur activité principale avec le cacao, les plantations de palmiers à huile), un projet de développement de filière verte a été développé en collaboration avec Man and Nature (sur financement CEPF). Le manioc et les produits forestiers non ligneux (PFNL) avec des espèces végétales comme Xylopia aethiopica, Irvingia gabonensis, Ricinodendron heudelotii, Beilschmedia mannii, Garcinia kola et Tieghemella heckelii ont été développés soit en plantation, mais aussi comme zone tampon autour de la Forêt des Marais Tanoé-Ehy.

 

104 femmes, de 5 villages ont ainsi été formées aux bonnes pratiques et à la production de manioc à haut rendement en utilisant des pratiques durables. Elles ont produit, au cours d’un premier cycle, 59 tonnes de manioc et ont obtenu 15 850 kg de «Gari», un produit final local consommé en Côte d’Ivoire mais surtout au Ghana.

 

La population s’est également engagée à augmenter le couvert forestier avec le développement de pratiques agroforestières, ainsi plus de 1200 arbres ont été plantés dans 67,5ha de plantations de cacao.

 

Des patrouilles communautaires, composées de 22 jeunes (2 personnes par village) formés, sont organisées 2 fois par mois. De nombreux braconniers et exploitants forestiers ont été arrêtés en présence des autorités forestières de Côte d’Ivoire et du matériel de ces braconniers ainsi que du bois coupé illégalement ont été saisis. Des patrouilles transfrontalières ont également été organisées avec des communautés voisines du Ghana qui sont organisées en CREMA et qui par ailleurs, sont impliquées dans ce projet.

 

Pourtant, depuis quelques mois une nouvelle menace importante pèse sur la forêt et cette initiative de conservation communautaire : l’exploitation des mines d’or. Grâce aux actions initiées par les communautés locales soutenues par des partenaires de l’ONG ACB-CI, dont le CSRS et l’ONG SOS Forêt, des rencontres ont été organisées avec le ministre en charge de l’environnement. Ces rencontres ont permis la suspension de ces activités minières…pour le moment. La menace est toujours là alors les organisations locales et l’ONG ACB-CI suivent attentivement la situation.

 

En conclusion, avec le soutien du PPI, au moins quatre espèces de primates menacées dont deux en danger critique d’extinction (Cercopithecus roloway, Cercocebus lunulatus), parmi de nombreuses autres espèces fauniques importantes sont en bonne voie de protection.

 

De plus, ce soutien à la conservation représente une réelle opportunité pour les communautés locales et les organisations communautaires afin d’améliorer les moyens de subsistance des membres de la communauté et leurs pratiques agricoles. La conversion de la forêt en terres agricoles extensives à faible productivité est empêchée et un large soutien de la population à la conservation des forêts est assuré.

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